Créatrice du « beurcore », qui renvoie à la culture de la jeune diaspora maghrébine des quartiers populaires, Sara Sadik vit à Marseille où elle se nourrit de multiples références, du rappeur Jul au jeu vidéo GTA, en passant par le soleil des calanques et la street food. L’exposition Sara Sadik Max Version est l’occasion d’une première rétrospective de ses vidéos dont les héros masculins naviguent entre colère et désir d’accomplissement, romantisme amoureux et appartenance communautaire. Sara Sadik reprend les codes visuels d’une culture dénigrée qu’elle inscrit dans des mondes parallèles, teintés de science-fiction. Elle développe ainsi des narrations au fort quotient politique où la résistance prend une forme 3.0. Dans ses œuvres, les émotions et les pensées sont énoncées avec l’accent marseillais, et dans un langage cool qui mêle le français et l’arabe, avec la claire intention d’une légitimation sociale. Elle confère alors ses lettres de noblesse à des formes d’expression qui n’ont que trop peu le droit de cité. Si sa résidence dans le village d’Oletta, en milieu rural, l’a amenée bien sûr à un pas de côté, elle n’en propose pas moins une réactivation de son esthétique dans le bruissement du maquis environnant.