12 JUILLET AU 31 AOÛT 2024
EXPOSITION — CHÂTEAU EN PLEURS
avec TOHÉ COMMARET ET SARAH-ANAÏS DESBENOIT
Commissaire : Fabien Danesi
Vernissage : vendredi 12 juillet 2024
Elles se connaissent depuis le collège, ont trainé ensemble à Vitry-sur-Seine où elles ont grandi, prenaient le bus 180 pour se rendre l’une chez l’autre, et se sont retrouvées toutes les deux au Fresnoy – Studio national des arts contemporains, dédié avant tout aux images en mouvement. Autant dire que ce duo show a quelque chose d’une évidence rare qui est synonyme ici d’amitié. Cette présence, faite de certitude et d’instabilité, qui porte à l’élan et à la complicité, est peut-être l’une des choses les plus précieuses que nous pouvons rencontrer au fil de notre existence.
Ainsi, Château en pleurs – avec son titre emocore – vient enregistrer cette entente intime entre
Sarah-Anaïs Desbenoit et Tohé Commaret en croisant leurs œuvres et en engageant le dialogue de leur regard. S’il fallait trouver une figure qui les réunisse, celle du sommeil apparaitrait comme un motif récurrent qui dessine la possibilité d’une porosité entre les mondes diurne et nocturne, entre la réalité et le rêve, le quotidien répétitif et l’intériorité qui refuse de s’y soumettre. Les deux artistes savent se raconter des histoires pour mieux faire disjoncter notre monde en mode alternatif, tant notre société hypermoderne est affaire d’électricité. Elles sont toutes les deux curieuses de ces forces invisibles qui sont au cœur de notre contemporanéité et qui nous lient à des périodes plus lointaines, des croyances plus sourdes, des bruissements plus charnels.
De tours urbaines en grotte humide, de dalle de béton en onde futuriste, leurs vidéos vibrent d’une intensité propre aux contes qui place le spectateur aux abords du fantastique. Ce merveilleux est l’expression du désir de ne pas se laisser enfermer dans des récits tout tracés, ceux que l’on nous impose à force de normalité. Château en pleurs chuchote alors au visiteur de la Casa Conti – Ange Leccia qu’il existe des mouvements multiples – aussi bien lents qu’impétueux – qu’il faut parvenir à saisir pour dessiner la carte de nos trésors mêlés à celle de tous ces lieux qui hantent nos têtes. Adolescentes aux yeux avides, vraies boss ladies et fausses princesses, Sarah-Anaïs Desbenoit et Tohé Commaret nous offrent un jeu de pistes cryptique où chaque chose est prise dans un tourbillon de signes. À corps et à cœurs, leurs accords donnent de la sorte un autre nom aux puissances enchantées de l’altérité.
Vues d’exposition Château en pleurs, Tohé Commaret et Sarah-Anaïs Desbenoit (12.07-31.08.2024), Casa Conti – Ange Leccia, Oletta. Photos Lea Eouzan-Pieri